La baisse vertigineuse des températures de la Saint-Sylvestre 1978
PARIS, 31 décembre 1978, 18h... il fait -8°C !! Le thermomètre affichera même -11°C vers 1h du matin ! Et cela après une matinée très douce (environ 10 à 12°C) ! Autant dire que la courbe de la température s'effondre de plus de 20°C en seulement l'espace de 24h !! Du jamais vu.
La Saint-Sylvestre 1978 fut marquée par une arrivée extrêmement brutale d'air polaire par le nord de la France. Pour celles et ceux qui l'ont vécu, cet évènement est inoubliable !
Une arrivée extrêmement brutale du froid par les régions du Nord
Les 30 et 31 décembre 1978, Laurent Broomhead (devenu depuis peu le « monsieur météo » d’Antenne 2) annonce l’arrivée massive d’air glacial en provenance de Suède et gagnant lentement le Nord de la France.
Au passage du front, la chute de température est très spectaculaire (et probablement l’une des plus importantes du siècle). La pluie verglaçante remplace la pluie et se transforme en neige dès le 30 décembre au soir sur le Nord-Pas-de-Calais, puis sur la Seine-Maritime et le nord de la Picardie le 31 au matin.
La tempête de neige dans le Pas-de-Calais, le 31 décembre 1978 - Crédit photo : Christophe Croquelois
L'impressionnante masse d'air polaire glaciale qui recouvre toute la partie nord de l'Europe et aborde tout le nord de la France dans la nuit de la Saint Sylvestre 1978-1979 !
Mon voyage inoubliable entre Versailles et Rouen
Voici ce dont je me souviens. J'avais alors 9 ans : "J’habitais Les Clayes-sous-Bois, près de Versailles. Comme chaque année, nous allions réveillonner chez mes grands-parents près de Rouen. Ce matin-là, le temps était doux et pluvieux, avec 12°C. La météo annonçait un changement brutal, ce que je trouvais difficile à croire. Nous sommes partis en Simca 1100 vers 10h, ma sœur, mes parents, mon chien et moi. Mon père préférait les petites routes à l’autoroute. À Beynes (Yvelines), à 10 km des Clayes-sous-Bois, le paysage change.... Les arbres scintillent, comme si les gouttelettes d’eau étaient figées. J’avais déjà vu la pluie verglaçante en février 1978 et je l’ai signalé à mes parents. À Thoiry (10 km plus à l'ouest), la ville était paralysée par la glace. Nous avions perdu au moins 12 à 14°C en 20 km ! La neige n’est arrivée qu’à Louviers (Eure), avec une tempête soudaine. Ma grand-mère était inquiète à notre arrivée. Nous avions 1h de retard et à Louviers, il faisait -9°C, soit 21°C de moins qu’à notre départ (à 90 km de là) !! Un blizzard a soufflé tout l’après-midi du 31 décembre et la nuit du réveillon. Des communiqués radios conseillaient aux habitants de rester chez eux car les routes étaient souvent bloquées. Ce fut pour moi un réveillon de la Saint-Sylvestre magique et inoubliable".
Dans l’après-midi du 31 décembre 1978, la Haute-Normandie est déjà sous la neige (photo prise à Tourny, Eure)
Une chute vertigineuse de 20°C en 16h à Paris !!
Le 31 décembre à 16h, la limite froide passe au niveau de la Région Parisienne - et alors que la station météo d’Orly (à 20 km au sud de Paris) enregistre +11°C, au même moment la station de Roissy (à 50 km au nord d’Orly) relève –10°C, soient 21°C de différence !! Une tempête de neige paralyse la capitale dans la soirée et la nuit de la Saint-Sylvestre. La circulation y est alors si difficile que la plupart des taxis refusent les clients ! Il faut 2h pour effectuer une course Châtelet-Passy distants de 5 km. Les trains sont également bloqués et quasiment tout le trafic de la banlieue est paralysé, laissant des centaines de voyageurs, habillés en tenue de réveillon et cadeaux sous le bras, dans une sorte d’inconnue et de panique. Même situation et atmosphère particulière en gare de Lille, Amiens ou de Rouen. A la fin du réveillon, de très nombreux automobilistes des régions touchées par la baisse des températures ont un mal fou à ouvrir les portières de leur véhicule car les serrures sont recouvertes d’une épaisse couche de glace… Le froid glacial qui concerne le nord de la Seine dans la journée du 31 décembre déferle ensuite jusqu’à l’Aquitaine et à la vallée du Rhône le 1er janvier.
Évolution de la température à Paris entre le 31 décembre 1978 et le 1er janvier 1979 - meteo-paris.com
L'air scandinave annonce un mois de janvier glacial avec neige et blizzard…
Le matin du 1er janvier 1979, les températures chutent en-dessous de -15°C dans le Nord de la France. Face à ces conditions glaciales, les habitants préfèrent rester chez eux, renonçant à la traditionnelle balade des jours fériés et aux visites de vœux du Nouvel An. Inquiète de la hausse de la consommation de chauffage et d’électricité, EDF craint un nouveau « mardi noir », en référence à la panne générale inédite du 19 décembre 1978.
La vague de froid persiste jusqu’au 9 janvier 1979. Les 4 et 5 janvier 1979, une tempête de neige d’une ampleur exceptionnelle paralyse un axe s’étendant de la Bretagne au Morvan, en passant par Paris. Ce blizzard digne de ceux que l'on observe dans les plaines centrales des USA prend au piège des centaines d’automobilistes au sud de Paris. La Beauce est ensevelie sous une neige épaisse, atteignant en moyenne 80 cm, un record pour la région (seuls 60 cm avaient été relevés à Paris lors de l’hiver 1709). Près de Rambouillet et d’Etampes, dans les Yvelines, des chars militaires sont déployés pour dégager les congères.
Les 6 et 7 janvier, les températures chutent encore : -19°C à Caen, -16°C à Chartres, -14°C à Orléans et -13°C à Paris-Montsouris !
Un 1er janvier 1979 polaire à Paris, sur la place de la Concorde - photo meteo-paris.com
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Auteur : Guillaume Séchet
