Pourquoi la canicule épargne une grande partie de la France ?
Cet été, les chaleurs caniculaires concernent surtout les régions méditerranéennes. Dans le nord et l'ouest de la France, les valeurs sont parfois à peine de saison. Pourquoi de tels contrastes ?
Une configuration bien différente de l'été 2022
L'été 2022 avait été rythmé par de multiples canicules lors des trois mois estivaux. En cause, un anticyclone régulièrement présent sur la Mer du Nord et la Mer Baltique tandis que des gouttes froides (de petites anomalies dépressionnaires) étaient régulièrement venues se positionner au large du Portugal. Celles-ci avaient servi de "pompe à chaleur" en favorisant le flux de sud sur la France, en provenance directe du Sahara ! C'est ainsi que des températures remarquablement élevées avaient été enregistrées au nord comme au sud, avec notamment 40°C dans le Finistère mais aussi jusqu'à Londres en Angleterre !
Situation dominante en Europe lors de l'été 2022 - Météo Villes
Cet été, la donne est pour le moment très différente. La circulation générale est moins anormale avec un anticyclone présent sur les Açores et s'étendant vers le bassin méditerranéen tandis que les basses pressions dominent des Îles Britanniques à la Scandinavie. Par conséquent, l'air très chaud venu du nord de l'Afrique concerne surtout la Méditerranée en remontant parfois sur le sud et l'est de la France (notamment les départements méditerranéens) tandis que les régions du nord et de l'ouest sont concernées par des températures largement moins élevées, car soumises à un flux d'origine océanique qui fait barrage aux fortes chaleurs.
Situation dominante en Europe lors de l'été 2023 - Météo Villes
Chaleur très inégalement répartie
La présence des basses pressions entre les Îles Britanniques et la Scandinavie permet au jet stream (couloir de puissants vents d'ouest en altitude) de circuler à des latitudes assez basses pour la saison. Ainsi, le jet stream circulait directement sur le nord de la France, l'Allemagne et la Pologne ce mercredi 19 juillet 2023, ne laissant aucune chance aux fortes chaleurs de progresser vers le nord. Ainsi, Paris n'atteignait même pas les 24°C ce 19 juillet tandis que des records à plus de 40°C tombaient dans les Alpes-Maritimes - un sacré contraste !
Circulation du jet stream ce mercredi 19 juillet 2023 - via infoclimat.fr
Par conséquent, cet été 2023 est perçu très différemment selon les régions. C'est tout particulièrement le cas de ce mois de juillet, où les fortes chaleurs sont très inégalement réparties. Entre le 1er et le 19 juillet, la barre des 30°C n'a jamais été atteinte à Brest, Vannes ou encore Rouen. Dans le même temps, il y a 19 jours de forte chaleur sur 19 à Nîmes et Marseille ! Dans le quart sud-est et jusqu'à Toulouse, la barre des 10 jours à plus de 30°C est généralement franchie tandis que l'on oscille plutôt entre 5 et 7 jours du Bordelais à l'Alsace, où les fortes chaleurs ont débordé de façon épisodique.
Nombre de jours à plus de 30°C entre le 1er et le 19 juillet 2023 - Météo Villes
Il est donc logique que les habitants du nord et de l'ouest de la France aient une perception très différente de ce mois de juillet 2023 que ceux du sud-est. Pendant que certains enregistrent des températures à peine de saison, d'autres enchaînent les journées et les nuits caniculaires. Rappelons cependant qu'une telle situation est bien plus classique que celle observée lors de l'été 2022.
