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Pourquoi a-t-on des problèmes de chauffage en cette saison ?

Paradoxalement, les premiers frimas de l'automne sont parfois plus difficiles à vivre que ceux de l'hiver. Plusieurs raisons l'expliquent, notamment l'absence de chauffage collectif pour ceux qui sont concernés.

 

Organismes plus habitués et chauffage pas encore activé

À cette saison, l'automne ne fait que débuter et nos organismes ont été habitués durant plusieurs mois à connaître des températures estivales, entre nuits douces et journées chaudes. Ainsi, notre sensibilité à la fraîcheur est augmentée car nous ne sommes plus habitués aux températures automnales. Si un coup de fraîcheur important survient, comme ce fut le cas cette année, le choc thermique peut alors être important. Il faut dire que la France vient de vivre sa dernière décade de septembre la plus fraîche depuis 2008 avec une anomalie de -2,2°C. Du 23 au 26 septembre, les températures diurnes sont parfois restées 7 à 9°C sous les normales, à des niveaux dignes de la Toussaint !

Écart à la normale des températures du 23 au 26 septembre 2025 - Météo France

 

 

À cela, il faut ajouter un autre facteur qui joue un rôle majeur le refroidissement des habitations. Or - dans de nombreux immeubles - le chauffage collectif n'est généralement activé qu'autour de la mi-octobre. Par conséquent, les coups de fraîcheur intervenant à cette saison se déroulent sans chauffage pour 12 à 13 millions de français ! À températures extérieures égales, celles des habitations sont donc plus basses qu'en hiver. Ce facteur est important et rend la fraîcheur du début d'automne plus pénible à vivre. Certains habitants concernés par le chauffage collectif doivent parfois employer des chauffages d'appoint pour pallier aux températures trop basses dans leurs logements.

Le chauffage collectif n'est souvent activé qu'autour de la mi-octobre - photo d'illustration

 

 

Le degré jour : une mesure des besoins de chauffage

Un indicateur a été mis au point afin d'évaluer le climat et ses répercussions en matière de besoin de chauffage : le degré jour. Il représente la différence entre la température d’une journée donnée et un seuil de température de référence (on retient la valeur de 18°C comme seuil de confort). Pour chaque jour, le nombre de degrés jours est déterminé en faisant la différence entre la température de référence (18°C) et la moyenne des températures minimale et maximale de ce jour. S'il fait 2°C le matin et 14°C l'après-midi, cela donne une moyenne de 8°C. On fait donc 18-8 = 10 degrés jours. On peut ensuite additionner ces degrés jours pour obtenir un total sur le mois ou une saison. Notons que les degrés jours ne peuvent pas être négatifs car si la température moyenne est de 18°C ou plus, on estime qu'il n'y aucun besoin de chauffage.

Formule pour calculer les degrés jours unifiés - via enoptea.fr

 

 

Ainsi, le nombre de degrés jours donne une bonne indication (même si elle n'est pas parfaite) des besoins de chauffage et permet d'être calculé pour chaque ville. Évidemment, la plus grosse partie des degrés jours est comptabilisée lors de la saison froide, surtout d'octobre à avril. En toute logique, on enregistre beaucoup plus de degrés jours dans le nord que dans le sud. À Lille-Lesquin, on est souvent proche de 2500 degrés jours par an tandis que la moyenne tourne plutôt autour de 1500 à Marseille. Généralement, c'est sur les côtes corses que le taux annuel de degrés jours est le plus bas tandis que la Lorraine est souvent en tête au niveau des taux les plus hauts.

Degrés jours annuels à Lille-Lesquin, Paris-Orly et Marseille-Marignane entre 2015 et 2019 - via openergy.fr

 

 

Les besoins diminuent avec le réchauffement climatique

 

Les données publiées par l’Agence européenne pour l’environnement, relatives aux degrés-jours de chauffe révèlent une métamorphose du climat hivernal.

Par exemple, à Paris, les besoins de chauffage sont désormais équivalents à ceux de Bordeaux au début des années 80 ! 

 

Degrés jours durant la saison froide en France ainsi que l'évolution des besoins de chauffage comparée à d'autres villes entre le début des années 80 et maintenant - infographie Le Parisien 

 

Auteur : Alexandre Slowik

Photo de Guillaume SECHETHistoire du site Météo Lille